La saison des AG confirme l'engagement direct des gérants d'actifs - DJ Plus
May 17 2019 - 3:33AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Philippe Mudry,
L'Agefi
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Assemblée générale (AG) après assemblée
générale, la tendance se confirme : longtemps confiné aux fonds
activistes purs et durs, le combat actionnarial autour des
résolutions en débat s'étend désormais rapidement aux gérants
d'actifs traditionnels, sur des thématiques de plus en plus
variées. Au point de mettre en péril certaines majorités qui
n'auraient, naguère, guère souffert de discussion.
En témoigne l'assemblée générale d'EssilorLuxottica réunie jeudi.
Une coalition de gérants d'actifs, ulcérés par la tournure
conflictuelle prise par les rapports au sein de la gouvernance du
groupe fusionné, s'est progressivement formée autour de quelques
activistes patentés, pour défier l'actionnaire dominant Delfin,
propriété de Leonardo Del Vecchio, PDG du nouvel ensemble.
Quoique contrôlant 31,4% du capital, et malgré un armistice de
dernière minute avec Hubert Sagnières, ancien PDG d'Essilor devenu
vice-PDG délégué, il lui a fallu le secours tardif, et nullement
désintéressé, de la holding des salariés, Valoptec, pour interdire
à deux administrateurs indépendants l'entrée du conseil
d'administration.
Le faible taux de rejet des deux résolutions soutenant leur
nomination, 56% et 65%, montre l'imminence du péril pour Delphin.
L'issue du combat ressemble d'ailleurs à une victoire à la Pyrrhus
: une forte opposition s'est structurée qui pourra peser sur les
débats futurs ou, le cas échéant, voter avec ses pieds. Le cours
d'EssilorLuxoticca ne risque pas d'en profiter.
Cet épisode, qui concernait la composition du conseil, marque une
nouvelle étape dans l'extension progressive des champs de bataille
potentiels, entre les managers et administrateurs et les
actionnaires. Il s'ajoute ainsi à un autre sujet de frictions
toujours aussi délicat à gérer, le "say on pay", comme le montre le
cas CGG.
Pour la première fois, sous l'influence d'une armada de fonds
d'arbitrages, la loi Sapin 2 a trouvé à s'appliquer en matière de
rémunération, avec le rejet de celle de l'ancien directeur général
et celui de la politique globale en la matière mise en place par
son successeur à la tête de l'entreprise.
Quant au PDG de Scor, Denis Kessler, il a lui aussi senti le vent
du boulet sur la question de sa rémunération. Mais il a dû aussi
batailler sur des terrain plus inattendus, comme celui de sa
succession ou de sa double casquette de président et de directeur
général.
Là encore, un fonds activiste était à la manoeuvre, relayée par
d'autres investisseurs professionnels. Un cas de figure appelé à se
présenter de plus en plus souvent dans l'avenir.
-Philippe Mudry, Directeur éditorial de L'Agefi. ed : ECH
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