ArcelorMittal va mieux mais reste dépendant d'une conjoncture incertaine - DJ Plus
March 15 2018 - 12:54PM
Bourse Web Dow Jones (French)
François Schott,
Agefi-Dow Jones
Paris (Agefi-Dow Jones)--Le premier sidérurgiste mondial,
ArcelorMittal (MT.FR), bénéficiera en 2018 de la reprise économique
mondiale mais ses performances à moyen terme restent incertaines
dans un contexte de renforcement des tensions commerciales autour
des prix de l'acier.
S'il a retrouvé des couleurs en Bourse ces deux dernières années
grâce au rebond des matières premières, le titre est encore loin de
ses niveaux d'avant crise et les investisseurs ne partagent pas
totalement l'optimisme de la direction pour l'année en cours.
ArcelorMittal a publié fin janvier un bénéfice net de 4,57
milliards de dollars au titre de l'exercice écoulé, confirmant son
redressement après les turbulences traversées en 2014 et 2015, qui
s'étaient traduites par plus de 9 milliards de dollars de
pertes.
Les analystes de Jefferies ont salué des résultats "solides" et des
perspectives encourageantes, soutenues par la reprise des pays
émergents. Après avoir été un handicap, l'exposition du groupe à
différentes régions du monde constitue aujourd'hui un élément très
porteur dans le cadre d'une hausse de la demande globale", estime
l'intermédiaire financier. Le discours du groupe se veut également
optimiste, ArcelorMittal évoquant des "conditions de marché
favorables" et des "écarts de prix sains" en dépit des surcapacités
générées par la Chine.
Des barrières tarifaires à double tranchant
L'introduction aux Etats-Unis de barrières douanières visant
spécifiquement l'acier et l'aluminium peut-elle modifier cet
équilibre? Dans la mesure où les importations américaines ne
représentent que 2% de la production mondiale d'acier, ces taxes ne
devraient pas avoir d'effet sur les prix globaux, mais pourraient
soutenir les prix de l'acier aux Etats-Unis au cours des deux ou
trois prochaines années, estimait Standard & Poor's dans une
note publiée vendredi dernier.
Les producteurs américains devraient profiter d'une hausse de la
demande, de même qu'ArcelorMittal, qui dispose de six sites de
production d'acier aux Etats-Unis. Le groupe réalise 20% de son
chiffre d'affaires aux Etats-Unis et près de 25% avec le
Canada.
"Ce que le groupe pourrait gagner avec la hausse des prix aux
Etats-Unis, il le perdra avec la pression accrue sur les prix en
Europe", tempère toutefois un bon connaisseur du secteur, redoutant
un report d'une partie de l'offre d'acier normalement destinée aux
Etats-Unis vers le vieux continent. Cet ex-cadre de la sidérurgie
française note par ailleurs qu'en imposant fin 2016 des droits de
douane sur certains produits en acier et en fer chinois, l'Union
européenne a dégainé la première. "Ces droits maintiennent
artificiellement le prix de ces produits en Europe. Ils bénéficient
largement à ArcelorMittal et aux autres producteurs européens. Mais
cela ne peut pas durer éternellement", ajoute-t-il.
A trop vouloir se protéger contre l'acier subventionné chinois,
Européens et Américains prennent le risque de déclencher une guerre
commerciale ouverte qui, compte tenu du poids de la Chine dans la
production mondiale d'acier (50%), pourrait mal finir.
Des acquisitions risquées
ArcelorMittal ne veut pas croire à un tel scénario. Après avoir
retrouvé des marges de manoeuvre financières en 2017, le groupe a
renoué avec ses ambitions de croissance sur un marché qu'il juge
porteur. Il prévoit ainsi de porter ses dépenses d'investissement à
3,8 milliards de dollars cette année, contre 2,8 milliards en 2017,
afin de financer notamment la construction d'un laminoir à chaud au
Mexique et la reprise de la plus grosse aciérie d'Europe, Ilva, en
Italie. Le groupe s'est également positionné avec le japonais
Nippon Steel sur le dossier de reprise du sidérurgiste indien en
difficulté Essar Steel.
Ces deux paris risqués nécessiteront de lourds investissements. "Si
les autorités approuvent le rachat d'Ilva, ce qui est notre
scénario central, le cash flow pourrait être impacté à hauteur de
2,3 milliard de dollars au cours des prochaines années en raison
des coûts liés à cette acquisition", souligne Vladimir Sergievskyi,
analyste de Barclays. En plus de cette charge, Arcelor devra mettre
davantage de trésorerie en réserve pour couvrir certains
engagements financiers en raison de l'entrée en vigueur en 2019 de
nouvelles normes comptables (IFRS 16). "Nous pensons que le rythme
du désendettement va ralentir, et que l'objectif d'une dette nette
de 6 milliards de dollars ne sera pas atteint avant la prochaine
décennie", ajoute l'analyste.
ArcelorMittal a raison de se montrer ambitieux, alors que les
batailles commerciales actuelles soulignent l'importance de l'acier
pour les économies développées et émergentes. Mais les nombreuses
incertitudes pesant sur les prix des matières premières et le
risque de ralentissement de l'économie mondiale sont autant de
motifs légitimes de prudence pour les investisseurs.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 921;
fschott@agefi.fr ed: TVA
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March 15, 2018 12:34 ET (16:34 GMT)
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