L'enquête sur les deux attentats qui ont fait 14 morts en
Catalogne avançait rapidement vendredi dans une Espagne en deuil,
avec l'identification d'une possible cellule ayant agi
précipitamment après l'échec d'un premier plan qui aurait pu être
encore plus meurtrier.
Pendant ce temps Espagnols et touristes se réappropriaient les
Ramblas, l'avenue de Barcelone endeuillée jeudi par une attaque
revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), désormais parsemée
d'autels en mémoire des victimes.
"Barcelone et les Ramblas doivent rester un symbole de paix et
d'accueil", déclarait à l'AFP Cristina Olivé, infirmière
barcelonaise de 55 ans, les deux mains prises par ses deux enfants
adoptifs, un fils de 9 ans d'origine haïtienne et une fille de 13
ans d'origine chinoise.
Une vingtaine de militants d'extrême droite ont aussi tenté de
manifester, conspués par la foule. Des coups de poing ont fusé,
mais sans entamer l'ambiance de recueillement.
Comme un seul homme les habitants de la fière ville méditerranéenne
avaient auparavant crié "No tinc por", "je n'ai pas peur" en
catalan, à midi.
C'était lors d'une cérémonie pendant laquelle la foule s'était
rassemblée derrière le roi Felipe VI et le chef du gouvernement
Mariano Rajoy et celui du gouvernement régional de Catalogne Carles
Puigdemont pour une minute de silence.
A quelques enjambées de la place de Catalogne où s'est tenue la
cérémonie, à 16H50 locales (14H50 GMT) jeudi, une camionnette
blanche avait fauché des dizaines de passants sur les Ramblas,
avenue vers la mer que l'on descend habituellement le coeur
léger.
Dans la nuit, une Audi A3 a ensuite à son tour foncé sur la
promenade du bord de mer de Cambrils, une station balnéaire au sud
de la capitale catalane, avant de percuter une voiture des Mossos
d'Esquadra, la police catalane. S'en est suivie une fusillade au
cours de laquelle les cinq occupants de l'Audi ont été tués.
Les attaques ont fait 14 morts, dont 13 à Barcelone et près de 120
blessés dont 65 étaient encore hospitalisés vendredi.
- Plusieurs dizaines de bombonnes de gaz-
Ces attaques ont cependant peut-être remplacé des attentats "de
plus grande envergure", a expliqué vendredi un porte-parole de la
police catalane lors d'un point de presse.
L'enquête laisse entrevoir l'existence d'un "groupe", ayant agi en
Catalogne à Ripoll, au nord de Barcelone, et Alcanar au sud,
notamment.
A Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone, une explosion ayant fait
un mort dans une maison mercredi aurait en réalité évité un autre
drame de plus grande ampleur.
Selon la police les assaillants y préparaient des bombes et
auraient alors perdu les composants nécessaires à la fabrication
d'engins explosifs.
La police a sorti des dizaines de bombonnes de gaz de la maison,
dont on ignore si elles devaient servir de réceptacles pour des
engins explosifs, selon un photographe de l'AFP.
La double attaque a du coup été commise de "manière plus
rudimentaire, sans être "de l'amplitude espérée" par les
jihadistes, selon Josep Lluis Trapero, le porte-parole de la police
catalane.
L'attaque a été menée à Barcelone puis à Cambrils, avec deux
véhicules.
Puis, les cinq "terroristes présumés" porteurs de fausses ceintures
d'explosifs, d'une hache et de couteaux, ont été abattus à
Cambrils. Les fausses ceintures devaient leur permettre de gagner
du temps face aux policiers, selon les Mossos.
Pour l'heure, quatre personnes, trois Marocains et un Espagnol, ont
été arrêtées dont trois dans la ville de Ripoll d'où serait
originaire un des auteurs. Au moins quatre autres seraient aussi en
fuite, selon le quotidien catalan La Vanguardia.
La police recherche notamment Moussa Oukabir, le frère de Driss
Oukabir, arrêté jeudi à Ripoll.
Le principal suspect recherché, le conducteur d'une camionnette
ayant fauché des dizaines de piétons à Barcelone, pourrait se
trouver parmi les cinq hommes abattus, selon la police catalane qui
évoque "plusieurs indices", sans toutefois confirmer formellement
cette information.
- 35 pays touchés -
Mariano Rajoy à Barcelone depuis jeudi soir, a tenu vendredi à
souligner la nécessité d'union, alors que justement les
séparatistes au pouvoir en Catalogne menacent de quitter l'Espagne
après un référendum d'autodétermination le 1er octobre.
"Il s'agit de transmettre un message d'unité, ce qui nous rend plus
efficaces dans la lutte contre le terrorisme, que toutes les forces
politiques soient unies", a-t-il dit.
Au moins 35 nationalités différentes figuraient parmi les morts et
blessés de la double attaque.
Dix-sept victimes luttaient entre la vie et la mort vendredi, a
précisé la protection civile.
Des familles continuaient, elles, à rechercher leurs proches, comme
Tony Cadman, qui a lancé un appel déchirant sur les réseaux
sociaux. Son petit fils Julian Alessandro âgé de 7 ans qui était
sur les Ramblas avec sa mère au moment de l'attentat, a disparu. Il
a diffusé sa photo, où il porte un pull vert, sur les réseaux
sociaux. "S'il vous plaît, partagez", a-t-il imploré.
(END) Dow Jones Newswires
August 18, 2017 16:17 ET (20:17 GMT)