L'avance de Microsoft sur Google dans l'IA est à double tranchant - Plus USA
February 09 2023 - 7:36AM
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SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--On ignore si Microsoft finira par
remporter la bataille de l'intelligence artificielle, mais dans
l'actualité, le géant technologique américain s'impose.
Microsoft a annoncé mardi l'intégration de la toute nouvelle
technologie ChatGPT à son moteur de recherche Bing et à son
navigateur Edge. Cette décision fait directement entrer l'outil
d'intelligence artificielle (IA) dans l'expérience de la recherche
sur Internet et permet à Microsoft de continuer à tirer parti du
battage médiatique provoqué par le robot conversationnel depuis son
lancement inattendu voilà moins de trois mois.
ChatGPT dépasse déjà les 100 millions d'utilisateurs, selon les
estimations d'UBS. L'analyste Lloyd Walmsley note qu'il a fallu au
réseau social TikTok trois fois plus de temps pour atteindre une
telle audience, tandis qu'Instagram a mis environ dix fois plus de
temps.
L'annonce de mardi constitue le défi le plus direct et le moins
subtil jamais lancé par Microsoft à son grand concurrent Google sur
son propre terrain : "Nous voulons nous amuser en innovant dans les
moteurs de recherche, il est grand temps", a déclaré le directeur
général de Microsoft, Satya Nadella, lors d'un événement organisé
mardi en grande pompe pour la presse au siège du groupe près de
Seattle. Google a réagi en organisant mercredi matin son propre
événement pour annoncer son intention d'ajouter davantage de
fonctions d'intelligence artificielle à son propre outil de
recherche, deux jours seulement après dévoilé Bard, son propre
robot conversationnel.
Les deux entreprises investissent depuis des années dans
l'intelligence artificielle, mais au vu des dernières avancées,
Google a plutôt l'air d'essayer de faire bonne figure après avoir
pris un mauvais coup. L'immédiate popularité de ChatGPT aurait
contraint la direction du groupe détenu par Alphabet à activer en
interne le "code rouge" en décembre. Même Bard semble avoir été
conçu dans la précipitation : CNBC a rapporté lundi que le
directeur général de Google, Sundar Pichai, avait adressé une note
interne à l'ensemble des salariés pour leur demander de tester le
service avant son lancement.
Les dernières annonces de Google ont par ailleurs déçu. L'action
Alphabet a perdu 7,4% mercredi à la suite de l'événement organisé
par le groupe, alors que le titre Microsoft a reculé de 0,3%, après
s'être octroyé plus de 4% lors de la séance précédente.
Une position unique pour contrer Google
Google a bien raison de s'inquiéter. Même par rapport à d'autres
mastodontes de la tech, Microsoft occupe une position unique pour
contrer la domination de Google dans la recherche sur Internet.
Microsoft, qui exploite la deuxième plateforme mondiale
d'informatique dématérialisée ("cloud"), dispose en effet d'une
infrastructure réseau équivalente à celle de Google. Microsoft est
également le seul autre géant de la tech, à l'exception d'Apple, à
dégager un flux de trésorerie disponible annuel supérieur à celui
de 60 milliards de dollars de Google. Le groupe affiche en outre
une bonne expérience en matière de moteur de recherche, ayant lancé
Bing en 2009.
Néanmoins, l'histoire du secteur de la recherche en ligne montre
que Google sera difficile à déloger. La part de marché de Bing n'a
jamais dépassé les 4%, tandis que celle de Google n'a qu'à de rares
reprises enfoncé légèrement le seuil de 90% depuis 2009, selon les
données de Statcounter. Google a même fait son entrée en tant que
verbe dans le dictionnaire Merriam-Webster en 2006.
Il faut aussi tenir compte des solides relations qu'entretient
Google avec ceux qui financent réellement son activité de recherche
en ligne. Brent Thill, analyste chez Jefferies, estime que
Microsoft "aura besoin d'un pied-de-biche pour débaucher les
annonceurs de Google".
Le succès de Microsoft pourrait par ailleurs lui attirer toute une
série de nouveaux problèmes. Le groupe, qui évoluait précédemment
sous les radars des régulateurs, est finalement entré dans leur
ligne de mire. Son projet d'acquisition de l'éditeur de jeux vidéo
Activision Blizzard a déclenché enquêtes de concurrence et
poursuites judiciaires de part et d'autre de l'Atlantique.
L'autorité britannique de la concurrence (CMA) a estimé mercredi
que l'opération risquait de pénaliser les joueurs à moins de
concessions, tandis que l'autorité américaine de la concurrence, la
Federal Trade Comission (FTC), a engagé des poursuites pour bloquer
le rapprochement. L'opposition au projet est principalement due à
la crainte que les futurs joueurs de PlayStation ne puissent plus
avoir pleinement accès à "Call of Duty." La Commission européenne a
elle aussi ouvert une enquête approfondie sur le projet de
rapprochement.
Et en prenant à Google une part non négligeable du marché de la
recherche en ligne, Microsoft augmenterait son influence déjà
considérable sur plusieurs marchés technologiques clés - sans
parler de l'avantage financier qui découlerait d'une entrée dans
une activité publicitaire qui génère actuellement 200 milliards de
dollars par an de chiffre d'affaires et qui pourrait dépasser les
300 milliards de dollars d'ici à 2027.
Avant que Microsoft ne puisse commencer à compter combien il
pourrait gagner avec la recherche, il lui faudra peut-être doter
son Bing intelligent d'une nouvelle panoplie d'avocats.
-Dan Gallagher, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV
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February 09, 2023 07:16 ET (12:16 GMT)
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