SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--On ignore si Microsoft finira par remporter la bataille de l'intelligence artificielle, mais dans l'actualité, le géant technologique américain s'impose.



Microsoft a annoncé mardi l'intégration de la toute nouvelle technologie ChatGPT à son moteur de recherche Bing et à son navigateur Edge. Cette décision fait directement entrer l'outil d'intelligence artificielle (IA) dans l'expérience de la recherche sur Internet et permet à Microsoft de continuer à tirer parti du battage médiatique provoqué par le robot conversationnel depuis son lancement inattendu voilà moins de trois mois.



ChatGPT dépasse déjà les 100 millions d'utilisateurs, selon les estimations d'UBS. L'analyste Lloyd Walmsley note qu'il a fallu au réseau social TikTok trois fois plus de temps pour atteindre une telle audience, tandis qu'Instagram a mis environ dix fois plus de temps.



L'annonce de mardi constitue le défi le plus direct et le moins subtil jamais lancé par Microsoft à son grand concurrent Google sur son propre terrain : "Nous voulons nous amuser en innovant dans les moteurs de recherche, il est grand temps", a déclaré le directeur général de Microsoft, Satya Nadella, lors d'un événement organisé mardi en grande pompe pour la presse au siège du groupe près de Seattle. Google a réagi en organisant mercredi matin son propre événement pour annoncer son intention d'ajouter davantage de fonctions d'intelligence artificielle à son propre outil de recherche, deux jours seulement après dévoilé Bard, son propre robot conversationnel.



Les deux entreprises investissent depuis des années dans l'intelligence artificielle, mais au vu des dernières avancées, Google a plutôt l'air d'essayer de faire bonne figure après avoir pris un mauvais coup. L'immédiate popularité de ChatGPT aurait contraint la direction du groupe détenu par Alphabet à activer en interne le "code rouge" en décembre. Même Bard semble avoir été conçu dans la précipitation : CNBC a rapporté lundi que le directeur général de Google, Sundar Pichai, avait adressé une note interne à l'ensemble des salariés pour leur demander de tester le service avant son lancement.



Les dernières annonces de Google ont par ailleurs déçu. L'action Alphabet a perdu 7,4% mercredi à la suite de l'événement organisé par le groupe, alors que le titre Microsoft a reculé de 0,3%, après s'être octroyé plus de 4% lors de la séance précédente.



Une position unique pour contrer Google



Google a bien raison de s'inquiéter. Même par rapport à d'autres mastodontes de la tech, Microsoft occupe une position unique pour contrer la domination de Google dans la recherche sur Internet. Microsoft, qui exploite la deuxième plateforme mondiale d'informatique dématérialisée ("cloud"), dispose en effet d'une infrastructure réseau équivalente à celle de Google. Microsoft est également le seul autre géant de la tech, à l'exception d'Apple, à dégager un flux de trésorerie disponible annuel supérieur à celui de 60 milliards de dollars de Google. Le groupe affiche en outre une bonne expérience en matière de moteur de recherche, ayant lancé Bing en 2009.



Néanmoins, l'histoire du secteur de la recherche en ligne montre que Google sera difficile à déloger. La part de marché de Bing n'a jamais dépassé les 4%, tandis que celle de Google n'a qu'à de rares reprises enfoncé légèrement le seuil de 90% depuis 2009, selon les données de Statcounter. Google a même fait son entrée en tant que verbe dans le dictionnaire Merriam-Webster en 2006.



Il faut aussi tenir compte des solides relations qu'entretient Google avec ceux qui financent réellement son activité de recherche en ligne. Brent Thill, analyste chez Jefferies, estime que Microsoft "aura besoin d'un pied-de-biche pour débaucher les annonceurs de Google".



Le succès de Microsoft pourrait par ailleurs lui attirer toute une série de nouveaux problèmes. Le groupe, qui évoluait précédemment sous les radars des régulateurs, est finalement entré dans leur ligne de mire. Son projet d'acquisition de l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard a déclenché enquêtes de concurrence et poursuites judiciaires de part et d'autre de l'Atlantique.



L'autorité britannique de la concurrence (CMA) a estimé mercredi que l'opération risquait de pénaliser les joueurs à moins de concessions, tandis que l'autorité américaine de la concurrence, la Federal Trade Comission (FTC), a engagé des poursuites pour bloquer le rapprochement. L'opposition au projet est principalement due à la crainte que les futurs joueurs de PlayStation ne puissent plus avoir pleinement accès à "Call of Duty." La Commission européenne a elle aussi ouvert une enquête approfondie sur le projet de rapprochement.



Et en prenant à Google une part non négligeable du marché de la recherche en ligne, Microsoft augmenterait son influence déjà considérable sur plusieurs marchés technologiques clés - sans parler de l'avantage financier qui découlerait d'une entrée dans une activité publicitaire qui génère actuellement 200 milliards de dollars par an de chiffre d'affaires et qui pourrait dépasser les 300 milliards de dollars d'ici à 2027.



Avant que Microsoft ne puisse commencer à compter combien il pourrait gagner avec la recherche, il lui faudra peut-être doter son Bing intelligent d'une nouvelle panoplie d'avocats.



-Dan Gallagher, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV



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February 09, 2023 07:16 ET (12:16 GMT)




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