Conduire Nissan depuis la banquette arrière n'aidera pas Renault - DJ Plus
June 11 2019 - 6:34AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Jacky Wong,
The Wall Street Journal
HONG KONG (Agefi-Dow Jones)--Renault vient tout juste de se faire
éconduire par son dernier prétendant tape-à-l'oeil. Il gagnerait à
se montrer plus conciliant avec son partenaire de long terme.
Samedi, le constructeur automobile français a averti Nissan, son
partenaire de 20 ans au sein de l'alliance
Renault-Nissan-Mitsubishi, qu'il ne soutiendrait pas la réforme de
gouvernance que le groupe nippon soumettra au vote de ses
actionnaires lors de l'assemblée générale programmée dans deux
semaines. Si cette menace venait à être mise à exécution, Renault
ferait obstacle à l'application des mesures décidées à la suite de
l'arrestation en novembre dernier de Carlos Ghosn, l'ancien
président des deux sociétés, pour dissimulation présumée de revenus
au Japon. Nissan a qualifié lundi de "regrettable" la nouvelle
position de Renault.
Renault semble craindre que cette réforme de la gouvernance de
Nissan ne réduise son influence au sein de l'entreprise japonaise.
Un argument difficilement recevable tellement l'emprise du
constructeur français sur l'Alliance a longtemps fragilisé son
homologue japonais. Renault détient 43% des actions de Nissan,
assorties de droits de vote, tandis que le constructeur nippon ne
possède aucun droit de vote chez le groupe au losange, malgré une
participation de 15% au capital. Et ce, alors même que Nissan est
supérieur à Renault tant sur le plan des ventes que de la
capitalisation boursière.
Ce mouvement pourrait être un moyen pour le constructeur français
de préserver sa réputation après l'échec de son projet de fusion
avec Fiat Chrysler Automobiles (FCA). L'Etat français, actionnaire
de Renault à hauteur de 15% de son capital et disposant de droits
de vote double, a réclamé plus de temps pour obtenir le soutien de
Nissan avant d'envisager une finalisation de la fusion. En réponse,
FCA a claqué la portière. Le gouvernement français tente désormais
de justifier ses atermoiements : le ministre de l'Economie Bruno Le
Maire a appelé à un renforcement de l'Alliance avant d'envisager
toute opération de fusion.
En menaçant de bloquer la réforme de la gouvernance de Nissan,
Renault ne fera pourtant qu'entamer un peu un plus la relation de
confiance entre les deux constructeurs automobiles. Les ajustements
souhaités par le groupe nippon, dont la création de trois comités
(nominations, audit et rémunérations), sont attendus par les
investisseurs de longue date. Ils ne contribueront pas à
directement consolider l'Alliance mais Renault n'a pas intérêt à
maintenir la gouvernance de Nissan dans le flou.
Les deux parties ont désespérément besoin d'une Alliance en bon
état de marche. Nombre de conflits ou de mésententes liées
notamment à la différence de culture entre les deux entreprises ont
été dissipés par Carlos Ghosn par le passé. Les actions Renault et
Nissan ont toutes deux chuté de plus de 15% depuis l'arrestation de
l'ancien homme fort de l'Alliance. Le moyen le plus simple pour
Renault de renforcer l'Alliance serait de réduire sa participation
au capital de Nissan, ce qui pourrait donner au groupe nippon des
droits de vote chez le français et placer les deux parties sur un
pied d'égalité.
A la place, Renault semble vouloir utiliser ses droits de vote pour
étaler sa puissance. Etant donné la forte implication des
gouvernements français et japonais dans les deux groupes, les
investisseurs doivent s'attendre à de nouvelles démonstrations
théâtrales, plutôt qu'à des avancées concrètes.
-Jacky Wong, The Wall Street Journal
(Version française Dimitri Delmond) ed: ECH
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June 11, 2019 06:14 ET (10:14 GMT)
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