Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Sodexo a beau passer ses comptes à la paille de fer, les défis auxquels le groupe fait face restent incontestables. Le spécialiste de la restauration collective a annoncé vendredi environ 500 millions d'euros de charges exceptionnelles qui seront inscrites au deuxième semestre de l'exercice 2019-2020, clos au 31 août et dont les comptes seront publiés fin octobre.



L'entreprise prévoit environ 160 millions d'euros de dépenses de restructuration pour notamment s'adapter à l'environnement post-Covid. Cette restructuration comprend la réduction des coûts de structure ainsi que des suppressions des postes dans certains pays, dont les Pays-Bas, la Belgique et les Etats-Unis. Sodexo a aussi annoncé des dépréciations d'actifs "susceptibles" d'atteindre environ 250 millions d'euros et un ajustement négatif de sa charge d'impôt autour de 100 millions d'euros. Ces deux derniers éléments n'auront pas d'impact sur la trésorerie.



Le marché garde son sang froid. Après avoir ouvert en légère hausse, l'action Sodexo cédait 2% en milieu d'après-midi. Outre les charges exceptionnelles, Sodexo a indiqué que sa performance du quatrième trimestre s'inscrivait "en ligne" avec les prévisions communiquées au début juillet. Jefferies juge rassurant ce dernier point car, selon la banque d'investissement, les investisseurs redoutaient une déception. De son côté, Morgan Stanley qualifie les annonces de Sodexo "d'encourageantes".



Une nécessaire restructuration



En passant ces charges, Sodexo boit une potion amère mais montre sa détermination à surmonter une conjoncture dégradée. Les analystes de Bernstein estiment que le programme de restructuration constitue "probablement une réaction nécessaire face à la chute des volumes" dans la restauration collective.



Sodexo a fait preuve de réactivité face à la crise sanitaire. Le groupe a figuré parmi les premières sociétés du SBF 120 à quantifier les effets du Covid-19 sur ses résultats annuels, dès la mi-mars. L'entreprise a aussi limité le "drop through rate", c'est-à-dire l'impact de la baisse des revenus sur son résultat d'exploitation. Sodexo estime que 20% à 23% de la chute du chiffre d'affaires du second semestre se répercutera sur cette ligne de compte. A titre de comparaison, son concurrent Elior table sur un taux "inférieur à 30%" au niveau de son Ebita ajusté - le résultat opérationnel courant retraité de certains éléments - pour son exercice 2019-2020.



"Sodexo a été réactif vis-à-vis du marché et a bien géré l'urgence sur sa base de coûts. Ils ont également la 'topline' [dynamique du chiffre d'affaires, NDLR] la plus résiliente du secteur", souligne un analyste parisien.



Sodexo ne ménage donc pas ses efforts pour gérer la crise. Mais sa faculté de rebond suscite des doutes. "La situation bilancielle de Sodexo est solide mais les équilibres opérationnels et sa capacité à accélérer la croissance demeurent fragiles. Sodexo risque de continuer à sous-performer Compass", tranche le même analyste.



Intensifier les efforts sur la rétention de clients



"On ne trouve pas chez Sodexo le dynamisme commercial présent chez d'autres acteurs, en particulier Compass", abonde un autre intermédiaire financier. Oddo BHF, de son côté, fait preuve de "prudence" sur l'accélération de la croissance organique. Elle "reste à confirmer sur le long terme", indique le courtier, pointant le risque de pertes de contrat. Sur ce dernier point, Sodexo doit encore intensifier ses efforts pour améliorer la rétention de ses clients.



De plus, Sodexo devra s'adapter aux potentiels bouleversements de son secteur. "Nous voyons le Covid-19 déclencher un changement structurel sur deux fronts: davantage de télétravail et plus de coûts (nouvelles normes sociales et sanitaires)", explique JPMorgan Cazenove, qui a réitéré sa recommandation à "sous-performer" sur la valeur. Sodexo pâtirait toutefois moins d'une montée en puissance du télétravail : ce phénomène représente des risques dans son activité de restauration collective mais aussi des opportunités dans les titres-restaurant, activité dont Elior et Compass sont absents.



Le groupe aura deux occasions de convaincre le marché de ses perspectives et de sa capacité à tirer parti de la reprise : la présentation de ses résultats annuels, le 29 octobre, puis une journée dédiée aux investisseurs, le 2 novembre. Pour l'heure, les analystes préfèrent miser sur Compass. Selon FactSet, 60% d'entre eux recommandent d'acheter la société britannique contre 45% pour Sodexo.





-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



September 11, 2020 10:01 ET (14:01 GMT)




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