ENTRETIEN: L'accord avec Terns permet à Genfit de prendre de l'avance en Chine
June 25 2019 - 10:07AM
Bourse Web Dow Jones (French)
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Jusqu'ici concentrée sur les Etats-Unis et
l'Europe où la société biopharmaceutique se situe dans la dernière
phase de son programme clinique dans le traitement de la
stéatohépatite non-alcoolique (NASH), Genfit vient d'opérer un
mouvement stratégique majeur en Chine. Le laboratoire français a
cédé à la biotech américano-chinoise Terns Pharmaceuticals les
droits de développement et de commercialisation d'elafibranor, son
médicament expérimental pour le traitement de la NASH, maladie
chronique du foie qui touche des millions de personnes et pour
laquelle il n'existe à l'heure actuelle aucun traitement. Le deal
porte également sur la cholangite biliaire primitive (PBC). Le
groupe percevra un premier versement de 35 millions de dollars en
vertu de cet accord de licence qui couvre la Chine, Hong Kong,
Macao et Taiwan. Genfit pourra toucher jusqu'à 193 millions dollars
supplémentaires lors de l'homologation et de la commercialisation
de son traitement de la NASH, plus des royalties de l'ordre de 15%
sur les ventes. Dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow
Jones, Jean-Christophe Marcoux, directeur de la stratégie de
Genfit, explique les perspectives liées à cet accord.
Pourquoi avoir conclu un accord en Chine à ce stade de votre
développement ?
Jean-Christophe Marcoux : "Il s'agit d'aller vite sur un marché en
croissance. Les nouvelles directives de la China Food and Drug
Administration (CFDA) facilitent grandement le processus
d'approbation des molécules innovantes, mais les processus
demeurent plus long qu'aux Etats-Unis et en Europe. Le plus tôt
était le mieux afin de prendre de l'avance en Chine, où sévit une
double épidémie d'obésité et de diabète comme en Europe ou aux
Etats-Unis. Il ne faut pas surévaluer le marché chinois, qui
n'équivaut pas à sa population de 1,4 milliard d'habitants, compte
tenu de la question de l'accès aux traitements, avec des classes
moyennes largement concentrées sur la côte Est et dans les grandes
mégalopoles. Mais il ne faut certainement pas le sous-évaluer non
plus".
Les montants annoncés pour l'accord peuvent sembler limités.
J-CM : "Au contraire, pour la Chine, les sommes sont dans la
fourchette haute de tous les deals précédents. En moyenne, la
plupart des accords de licence sur des produits en phase III
comportent des paiements à la signature de l'ordre de 20 millions
de dollars. Sur les 15 dernières années, 'l'upfront payment' moyen
pour une phase III s'est inscrit à 12 millions de dollars, alors
que pas un seul deal n'a dépassé les 40 millions en termes de
premier paiement. Les quelques transactions atteignant ce montant
concernaient plusieurs produits ou plusieurs géographies, là où
notre accord avec Terns ne concerne qu'une seule molécule, et qu'un
territoire limité".
Pourquoi avoir choisi Terns Pharma, une biotech créée en 2017, et
non pas un groupe pharmaceutique disposant d'une force de vente
établie ?
J-CM : "Les préparatifs de commercialisation en Chine n'étaient pas
la préoccupation immédiate. Terns Pharma est le candidat idéal,
'qui remplit toutes les cases'. Plutôt qu'un laboratoire
traditionnel, notre cahier des charges impliquait de choisir un
acteur ayant une vraie culture de l'innovation, une capacité de
développement, ainsi qu'une connaissance fine et réelle des
maladies métaboliques et de la NASH. Terns est basée à la fois en
Chine et aux Etats-Unis. La société présente une double dimension
culturelle américaine et chinoise, avec des leaders scientifiques
reconnus, notamment issus de Gilead ou Novartis. Terns connaît par
ailleurs parfaitement les mécanismes d'influence au niveau des
leaders d'opinion clés et des grands hôpitaux en Chine. Nous avions
également placé la barre haut en termes financiers pour ne retenir
que les candidats avec une certaine envergure financière. C'est le
cas de Terns qui est non seulement financée par Eli Lilly mais
aussi par de grands fonds healthcare comme Orbimed ou Vivo Capital,
qui sont des acteurs crédibles et puissants. Tous ces éléments
réunis font la force de Terns, dont l'objectif est de devenir 'the
NASH company in China'".
Devrez-vous lancer une étude de phase III pour Elafibranor en Chine
?
J-CM : "Une nouvelle phase III, type 'bridging study', sera
nécessaire mais qui comportera un nombre de patients réduits par
rapport à notre étude en cours aux Etats-Unis et en Europe. Nous ne
repartirons pas du début. Cette phase 3 'light' sera financée par
Terns seule. En première approche, l'idée serait de cibler un
lancement du produit un à deux ans après les Etats-Unis, nous
donnerons plus tard un calendrier plus précis.
-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 1 41 27 47 93;
fberthon@agefi.fr ed: ECH
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