Casino risque de payer cash ses difficultés chroniques à générer du cash -- DJ Plus
June 24 2021 - 6:25AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Dimitri Delmond,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les investisseurs s'impatientent,
souhaitant une accélération du processus de désendettement de
Casino. Depuis la publication de ses résultats du premier
trimestre, le 6 mai dernier, le distributeur a perdu 9,3% en
Bourse, pendant que le titre de son rival Carrefour a progressé de
3,2%. Cet écart de performance boursière de 12,5 points de
pourcentage entre les deux groupes, en défaveur du propriétaire de
Monoprix, ne doit rien au hasard.
Les investisseurs constatent que les performances opérationnelles
de Casino en France ne lui permettent toujours pas de générer de la
trésorerie de manière organique sur son principal marché et donc de
se désendetter sans recourir à des ventes d'actifs. Même si les
dirigeants du distributeur affirment régulièrement le
contraire.
Au cours de la période de douze mois arrêtée au 31 mars dernier,
l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de Casino a atteint 978
millions d'euros en France, en amélioration de 3,3% ou de 32
millions d'euros. Mais ce maigre surplus d'Ebitda ne peut expliquer
à lui seul la diminution de 467 millions d'euros de la dette nette
observée dans l'Hexagone au cours de la même période, à 4,98
milliards d'euros. "Le désendettement du groupe en France provient
uniquement des cessions d'actifs", remarque un analyste basé à
Paris.
Sans tenir compte des cessions réalisées par Casino sur la période,
le flux de trésorerie disponible de ses activités françaises a été
négatif d'environ 500 millions d'euros entre fin mars 2020 et fin
mars 2021, estime Barclays. Calculé après intérêts financiers payés
et les ventes d'actifs ou de participations non stratégiques, le
flux de trésorerie disponible du groupe est "négatif tous les ans
en France", appuie Octo Finances.
Les actifs éligibles à une cession se font rares
Ces ventes d'actifs les plus récentes s'inscrivent dans le cadre du
plan établi mi-2018 par Casino, visant à réaliser pour 4,5
milliards d'euros de cessions. Initialement fixée au premier
trimestre de 2021, la date d'échéance de ce plan a été suspendue
lors de l'éclosion de la crise sanitaire du coronavirus. Au grand
dam du marché, le groupe n'a pas communiqué de nouvelle date butoir
pour son plan, alors qu'il lui reste toujours pour 1,7 milliard
d'euros de cessions à réaliser.
Les investisseurs déplorent d'autant plus le retard accumulé par
Casino dans l'exécution de son plan de cession, que l'ouverture
d'un plan de sauvegarde pour sa maison mère Rallye en mars 2020 n'a
fait que renforcer l'urgence d'accélérer le désendettement du
distributeur. En outre, le périmètre des actifs potentiellement à
vendre s'est réduit et les conditions pour un désengagement ne sont
pas nécessairement réunies actuellement.
"La simplification de la structure en Amérique Latine ouvre,
certes, la voie à une vente par morceaux de ces actifs (Assai, GPA
et Exito), mais la situation au Brésil et les taux de changes ne
sont pas favorables à une vente à court terme", constate Octo
Finances. En France, le patrimoine immobilier de Casino fond
d'année en année et il ne lui restait plus que pour 1,1 milliard
d'euros de murs de magasins à fin 2020, contre 3,5 milliards
d'euros à fin 2017, ajoute l'analyste crédit.
La vente d'une autre enseigne en France ne figure pas à l'agenda de
Casino car cela risquerait d'affaiblir sa position dans les
négociations commerciales avec les fournisseurs et de plomber ses
marges, souligne Barclays. Après la cession de Leader Price à Aldi
fin novembre 2020, Casino a glissé au sixième rang du palmarès des
distributeurs alimentaires en France avec une part de marché de
7,5% selon les données fournies par le cabinet Kantar.
La pression vendeuse s'intensifie
A court terme, Casino envisage donc de se désendetter en monétisant
ses filiales Cnova, la maison mère de la plateforme de commerce
électronique Cdiscount, et GreenYellow, qui produit de l'énergie
renouvelable, par le biais de potentielles levées de fonds propres
additionnels. Le groupe compte toutefois conserver le contrôle de
ces deux filiales après la réalisation de ces opérations envisagées
d'ici la fin de cette année.
Le mois dernier, GreenYellow a confirmé songer à s'introduire en
Bourse pour financer ses ambitions de croissance. Cnova a prévenu
début juin étudier un placement d'actions nouvelles d'un montant de
300 millions d'euros pour accélérer son développement, ainsi qu'une
composante secondaire destinée à augmenter la part de son capital
flottant. "Tout semble prêt chez Casino pour le lancement de ces
opérations, mais le distributeur tarde à agir au risque de voir la
fenêtre de tir se refermer", observe Clément Genelot, analyste chez
Bryan, Garnier & Co.
Selon Barclays, les opérations envisagées par GreenYellow et Cnova
pourraient rapporter 600 millions d'euros à Casino, si le
distributeur acceptait de réduire à 51% sa participation dans le
capital de chacune de ces deux filiales. Ce qui représente à peine
35% du montant des cessions restant encore à réaliser dans le cadre
du plan lancé à l'été 2018...
Ces multiples déceptions et inconnues testent dangereusement la
patience des investisseurs. Selon les données compilées par
FactSet, la part des analystes couvrant Casino qui recommandent de
vendre l'action a augmenté de 10 points de pourcentage depuis le
début de l'année pour atteindre 33%. Et la part du capital du
distributeur vendue à découvert par les fonds d'investissement
spéculatifs reste élevée, à 5,77%, d'après les données du site
internet néerlandais shotsell.nl.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH
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June 24, 2021 06:08 ET (10:08 GMT)
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