Les bancaires françaises peinent à séduire malgré leur ridicule valorisation -DJ Plus
April 10 2019 - 8:28AM
Bourse Web Dow Jones (French)
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Comme leurs rivales européennes, les
banques françaises sont confrontées à des vents contraires qui ont
pesé sur leurs résultats en 2018 et tiennent les investisseurs à
l'écart : faiblesse des marges d'intérêt, exigences relevées en
matière de fonds propres, coûts liés aux litiges, volatilité des
activités de banque de financement et d'investissement.
Le titre Société Générale a cédé 40% au cours des douze derniers
mois, l'une des plus mauvaises performances du secteur. BNP Paribas
et Crédit Agricole SA ont également mis à mal les nerfs de leurs
actionnaires, en effaçant respectivement 26% et 14% de leur valeur
boursière.
Société Générale a annoncé mardi la suppression de 1.600 postes
dans le monde, dont près de la moitié en France, et la fermeture de
son unité de trading pour compte propre. "Cela confirme que la
direction entend atteindre les objectifs du plan [d'économies,
ndlr], mais l'attention se portera surtout, lors de la publication
des résultats du premier trimestre, sur les positions de
solvabilité du groupe", ont commenté les analystes de
Jefferies.
Un marché domestique très concurrentiel
BNP Paribas a dû lui aussi revoir ses ambitions. Le premier groupe
bancaire français par la capitalisation ne vise plus qu'une
croissance moyenne de 1,5% par an de son produit net bancaire entre
2016 et 2020, au lieu de 2,5% anticipé initialement. Pour préserver
ses objectifs de rentabilité, il entend porter ses économies
récurrentes à 3,3 milliards d'euros à compter de 2020, au lieu des
2,7 milliards d'euros envisagés auparavant.
Cependant, certains investisseurs commencent à perdre patience. Les
plans successifs présentés par BNP Paribas au cours des dix
dernières années ont tous échoué à ramener le rendement des fonds
propres ("return on equity") au-dessus de 10%, souligne AlphaValue.
La rentabilité devrait osciller entre 7,5% et 8% en 2020 et 2021,
et rester inférieure à la moyenne européenne, ajoute le bureau
d'analystes qui a par ailleurs abaissé ses prévisions de bénéfice
net par action de 20% au cours des douze derniers mois.
Pour l'agence de notation S&P Global Ratings, "la volatilité
des marchés devraient maintenir la pression sur la rentabilité [des
banques françaises] en 2019, de même que les taux d'intérêt bas et
une forte concurrence sur le marché domestique". S&P pointe
également la base de coûts plus rigide des réseaux bancaires
tricolores et la lenteur de leur numérisation par rapport à
certains de leurs concurrents européens.
Un rendement toujours attractif
En dépit de ces lourdeurs, les banques françaises gardent des
atouts, à commencer par des bilans robustes et un modèle diversifié
qui leur permet de faire face au durcissement des conditions
économiques et réglementaires. Leurs niveaux de valorisation
boursière sont aujourd'hui ridiculement faibles : Société Générale
se traite à la moitié de la valeur de ses actifs nets corporels
(TNAV), BNP Paribas est à peine mieux loti, à 0,7 fois la valeur
des actifs, tandis que Crédit Agricole SA parvient à une
capitalisation proche de la valeur de ses actifs.
Les actionnaires qui n'ont pas été échaudés par le décrochage des
cours en 2018 pourraient en profiter. Jefferies estime le potentiel
de hausse de BNP Paribas à 22% et à 38% pour Crédit Agricole SA. Le
courtier reconnaît toutefois que les deux titres pourraient
replonger en cas de dégradation de la conjoncture en France et en
Italie, où les deux établissements sont très présents.
L'intermédiaire se montre plus attentiste sur Société Générale,
dont les objectifs de rentabilité et de solvabilité reposent
essentiellement sur des cessions d'actifs.
UBS de son côté est à l'achat sur les trois banques françaises,
jugeant le rapport entre leur rendement et leur risque attractif.
Le bureau d'études apprécie notamment le maintien de politiques de
dividendes généreuses en comparaison notamment aux banques
allemandes.
Alors que le ralentissement de l'économie européenne se poursuit,
les banques françaises devront accélérer leurs plans d'économies en
2019 si elles ne veulent pas subir de nouvelles déconvenues
boursières.
La revalorisation du secteur passe par leur capacité à tenir - et
idéalement à dépasser - leurs objectifs de fonds propres et de
rentabilité.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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April 10, 2019 08:08 ET (12:08 GMT)
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