François Schott,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Comme leurs rivales européennes, les banques françaises sont confrontées à des vents contraires qui ont pesé sur leurs résultats en 2018 et tiennent les investisseurs à l'écart : faiblesse des marges d'intérêt, exigences relevées en matière de fonds propres, coûts liés aux litiges, volatilité des activités de banque de financement et d'investissement.



Le titre Société Générale a cédé 40% au cours des douze derniers mois, l'une des plus mauvaises performances du secteur. BNP Paribas et Crédit Agricole SA ont également mis à mal les nerfs de leurs actionnaires, en effaçant respectivement 26% et 14% de leur valeur boursière.



Société Générale a annoncé mardi la suppression de 1.600 postes dans le monde, dont près de la moitié en France, et la fermeture de son unité de trading pour compte propre. "Cela confirme que la direction entend atteindre les objectifs du plan [d'économies, ndlr], mais l'attention se portera surtout, lors de la publication des résultats du premier trimestre, sur les positions de solvabilité du groupe", ont commenté les analystes de Jefferies.



Un marché domestique très concurrentiel



BNP Paribas a dû lui aussi revoir ses ambitions. Le premier groupe bancaire français par la capitalisation ne vise plus qu'une croissance moyenne de 1,5% par an de son produit net bancaire entre 2016 et 2020, au lieu de 2,5% anticipé initialement. Pour préserver ses objectifs de rentabilité, il entend porter ses économies récurrentes à 3,3 milliards d'euros à compter de 2020, au lieu des 2,7 milliards d'euros envisagés auparavant.



Cependant, certains investisseurs commencent à perdre patience. Les plans successifs présentés par BNP Paribas au cours des dix dernières années ont tous échoué à ramener le rendement des fonds propres ("return on equity") au-dessus de 10%, souligne AlphaValue. La rentabilité devrait osciller entre 7,5% et 8% en 2020 et 2021, et rester inférieure à la moyenne européenne, ajoute le bureau d'analystes qui a par ailleurs abaissé ses prévisions de bénéfice net par action de 20% au cours des douze derniers mois.



Pour l'agence de notation S&P Global Ratings, "la volatilité des marchés devraient maintenir la pression sur la rentabilité [des banques françaises] en 2019, de même que les taux d'intérêt bas et une forte concurrence sur le marché domestique". S&P pointe également la base de coûts plus rigide des réseaux bancaires tricolores et la lenteur de leur numérisation par rapport à certains de leurs concurrents européens.



Un rendement toujours attractif



En dépit de ces lourdeurs, les banques françaises gardent des atouts, à commencer par des bilans robustes et un modèle diversifié qui leur permet de faire face au durcissement des conditions économiques et réglementaires. Leurs niveaux de valorisation boursière sont aujourd'hui ridiculement faibles : Société Générale se traite à la moitié de la valeur de ses actifs nets corporels (TNAV), BNP Paribas est à peine mieux loti, à 0,7 fois la valeur des actifs, tandis que Crédit Agricole SA parvient à une capitalisation proche de la valeur de ses actifs.



Les actionnaires qui n'ont pas été échaudés par le décrochage des cours en 2018 pourraient en profiter. Jefferies estime le potentiel de hausse de BNP Paribas à 22% et à 38% pour Crédit Agricole SA. Le courtier reconnaît toutefois que les deux titres pourraient replonger en cas de dégradation de la conjoncture en France et en Italie, où les deux établissements sont très présents. L'intermédiaire se montre plus attentiste sur Société Générale, dont les objectifs de rentabilité et de solvabilité reposent essentiellement sur des cessions d'actifs.



UBS de son côté est à l'achat sur les trois banques françaises, jugeant le rapport entre leur rendement et leur risque attractif. Le bureau d'études apprécie notamment le maintien de politiques de dividendes généreuses en comparaison notamment aux banques allemandes.



Alors que le ralentissement de l'économie européenne se poursuit, les banques françaises devront accélérer leurs plans d'économies en 2019 si elles ne veulent pas subir de nouvelles déconvenues boursières.



La revalorisation du secteur passe par leur capacité à tenir - et idéalement à dépasser - leurs objectifs de fonds propres et de rentabilité.



-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



April 10, 2019 08:08 ET (12:08 GMT)




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