Rien à acheter, rien à vendre. Pour une entreprise du secteur européen des télécommunications, il n'existe guère de situation plus délicate.



La valorisation du secteur des télécoms en Europe a augmenté de 21% au cours de l'année écoulée malgré des pressions constantes sur les bénéfices. Le chiffre d'affaires des services mobiles a baissé à chaque trimestre depuis la fin 2011, relève Citigroup.



Les espoirs des investisseurs reposent sur une éventuelle propagation du mouvement de consolidation observé en Autriche, en Irlande et en Allemagne au reste du Vieux continent.



Une consolidation probable en France et en Italie



Certains marchés semblent plus propices à une transaction que d'autres. En France, les négociations entre Orange (ORA.FR) et Bouygues Telecom ont été abandonnées au début du mois, mais un rapprochement, dont tirerait également parti Iliad (ILD.FR), le plus petit des quatre opérateurs français, serait en fin de compte logique. Acquérir le réseau de Bouygues Telecom permettrait de donner un réel coup d'accélérateur au plan de développement d'Iliad.



Telecom Italia (TIT.MI), de son côté, dispose d'options que ne préfigure pas sa valorisation actuelle, égale à 4,6 fois l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) attendu en 2015. Le groupe n'a pas besoin de mener le mouvement de consolidation en Italie pour en profiter. Si Wind, propriété du groupe russe VimpelCom (VIP), et Hutchison Whampoa (0013.HK) s'allient pour créer un opérateur disposant de près de 33% des abonnés à la téléphonie mobile dans le pays, ils pourraient davantage se consacrer à l'amélioration de leur revenu moyen par utilisateur plutôt qu'à la conquête de nouveaux clients.



KPN et Mobistar risquent de manquer le coche



Cependant, d'autres opérateurs pourraient être tenus à l'écart de la vague de consolidation du secteur. Ainsi, le néerlandais KPN (KPN.AE), qui a vendu sa filiale allemande E-Plus pour régler ses problèmes de dette, dépend désormais d'un redressement de ses bénéfices aux Pays-Bas, où un quatrième opérateur, Tele2 (TEL2-B.SK), construit son propre réseau de téléphone mobile de quatrième génération (4G). Et l'intérêt du milliardaire mexicain Carlos Slim pour le groupe ressemble à un souvenir lointain.



En Belgique, Mobistar (MOBB.BT) pourrait également se retrouver seul. Le déclin du chiffre d'affaires des services mobiles a ralenti, mais la valorisation est soutenue par les spéculations autour d'un éventuel rachat. Le câblo-opérateur Telenet (TNET.BT) est le candidat le plus probable à un rachat, mais il n'a guère intérêt à se précipiter. D'autant que le principal actionnaire de Mobistar, Orange, semble peu enclin à céder ses parts.



Une nouvelle phase de consolidation dans le secteur européen des télécoms constituerait une aubaine pour les investisseurs. Mais après la hausse de l'année écoulée, mieux vaut se montrer sélectif.



-Renée Schultes, The Wall Street Journal



(Version française Valérie Venck)