QUÉBEC, le 7 mai 2024 /CNW/ - Le Collectif pour
un Québec sans pauvreté participe aujourd'hui à
la manifestation du Front commun des personnes assistées
sociales du Québec pour réclamer une réforme majeure du système
d'assistance sociale québécois; une réforme qui devrait viser, au
minimum, la couverture des besoins de base pour toutes les
personnes assistées sociales.
Des mesures
appauvrissantes
« Depuis le début de son mandat, la ministre responsable de
la Solidarité sociale et de l'Action communautaire, Chantal Rouleau, nous promet une "grande
réforme" -- ou une "modernisation" -- du système
d'assistance sociale, rappelle le porte-parole du Collectif,
Serge Petitclerc. Évidemment, nous
l'encourageons à aller de l'avant. Pour le Collectif, une
"modernisation" qui se respecte, menée dans l'intérêt des personnes
assistées sociales, devrait d'abord chercher à éliminer toutes les
mesures qui ont pour effet de les appauvrir toujours davantage.
« Parmi celles-ci, pensons par exemple au concept de vie
maritale qui fait que les personnes assistées sociales qui
cohabitent et qui sont considérées comme un couple reçoivent
chacune l'équivalent de 612 $ par mois alors qu'une
personne vivant seule reçoit 807 $ ; aux revenus de
travail permis qui n'ont pas été augmentés ni indexés
depuis 1999 ; ou à l'obligation pour les personnes
assistées sociales de retirer, à compter de l'âge de 60 ans,
leur rente de retraite du Régime de rentes du Québec, ce qui les
prive de sommes d'argent pour le restant de leurs jours. »
(Voir notre Compilation des règles et dispositions
problématiques à l'assistance sociale.)
Des prestations de
misère
« Il va sans dire que le principal irritant du système
d'assistance sociale demeure la nette insuffisance des revenus
qu'il assure aux personnes, poursuit Serge
Petitclerc. Peu importe le programme, le montant des
prestations est insuffisant pour leur permettre de couvrir leurs
besoins de base tels que définis par la Mesure du panier de
consommation (MPC).
« Peut-on croire que le revenu disponible des personnes
seules au programme d'Aide sociale, soit celles qui sont
considérées sans contraintes à l'emploi, ne leur permet de couvrir
que 46 % de leurs besoins de base? En effet, alors que ces
personnes auraient besoin de 24 200 $ par année pour
atteindre le seuil de la MPC, leurs prestations et les principaux
crédits d'impôt leur assurent un revenu disponible de seulement
11 245 $. Même au programme de Revenu de base, le plus
généreux des programmes, réservé aux personnes avec des contraintes
sévères à l'emploi de longue durée, les personnes ne reçoivent de
quoi couvrir que 87 % de leurs besoins essentiels. »
(Voir le taux de couverture de la MPC et d'autres données pour
les différents programmes d'assistance sociale dans le document
L'Assistance sociale en tableaux--2024.)
L'élargissement du programme de
Revenu de base
Alors que le programme de Revenu de base venait d'entrer en
vigueur, en janvier 2023, le Collectif a fait publier une lettre
ouverte pour revendiquer son élargissement à l'ensemble des
personnes assistées sociales. La lettre était appuyée par 200
universitaires et plus de 350 organisations. Il y était souligné
qu'ainsi, « le gouvernement pourrait mettre fin à la
discrimination inhérente au système d'assistance sociale québécois
[et] réaffirmer sa reconnaissance du droit à un niveau de vie
décent pour l'ensemble de la population du Québec, y compris les
personnes assistées sociales ».
« Nous savons que le programme de Revenu de base comporte
plusieurs lacunes et que le gouvernement bafoue présentement ses
engagements quant à la hauteur des prestations, conclut
Serge Petitclerc. Mais il reste
qu'officiellement, le programme vise au moins la couverture des
besoins de base. Comment le gouvernement pourrait-il justifier que
70 % des personnes assistées sociales n'y aient pas accès et
doivent ainsi continuer à vivre avec un revenu nettement
insuffisant pour vivre en santé et dans la dignité? »
SOURCE Collectif pour un Québec sans pauvreté