QUÉBEC, le 22 mars 2023 /CNW/ - Le Front d'action
populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) est scandalisé du peu
d'importance accordée à la pire crise du logement de l'histoire
moderne du Québec, dans le cinquième budget présenté aujourd'hui
par le ministre des Finances, Éric Girard. « Ce budget ne prévoit
le financement que de 1500 nouveaux logements abordables, dont le
tiers sera réservé au privé, sans aucune garantie quant au
nombre de nouveaux logements sociaux qui seront finalement
construits », résume Véronique Laflamme, la porte-parole du
FRAPRU.
Le regroupement de défense du droit au logement dénonce avec
véhémence le choix de ne financer aucune nouvelle unité dans le
seul programme exclusivement dédié au logement social, AccèsLogis.
Selon le FRAPRU, il s'agissait pourtant de la voie la plus rapide
pour garantir le développement de nouveaux logements pour les
ménages les plus durement touchés par la rareté actuelle de
logements locatifs, en autant qu'il soit financé
convenablement. « Il suffisait de bonifier le financement
d'AccèsLogis », s'indigne Véronique Laflamme, rappelant que
plusieurs secteurs communautaires et municipaux l'ont également
demandé durant les dernières semaines. « Ce budget semble au
contraire désengager Québec face à ses responsabilités en matière
de droit au logement. Comment le gouvernement peut-il abandonner
les locataires acculé.e.s au mal-logement, voire à
l'itinérance? », dénonce la porte-parole.
Le FRAPRU dénonce l'absence
d'objectifs en matière de logement social
Le budget annonce des investissements globaux de 545 millions $
pour réaliser 5250 logements. Ce nombre comprend 450 logements qui
seront également financés par l'Initiative de création rapide de
logement du gouvernement fédéral. Il comprend aussi 3300 des
quelques 9000 logements déjà budgétés dans AccèsLogis, mais qui ne
sont toujours pas construits. Or, de l'avis du FRAPRU, les sommes
prévues seront nettement insuffisantes. La Ville de Montréal à
elle seule estimait à 314 M $, le montant indispensable pour
livrer les 1098 logements prévus qui restent à bâtir.
« Faut-il comprendre que l'entièreté des logements déjà promis
durant le premier mandat de la CAQ, ne seront jamais
réalisés ? », s'inquiète Véronique Laflamme.
Par ailleurs, le budget ne prévoit dans le programme
d'habitation abordable Québec (PHAQ) le financement que de 1500
unités en 6 ans. Il ajoute une nouvelle
contrainte en réservant le tiers de cette mince programmation au
secteur privé. Le FRAPRU rappelle que la CAQ avait
promis en juin dernier, 70001 nouveaux
logements « sociaux et abordables » en 4 ans, avec ce
programme. Le budget ne prévoie pas de sommes supplémentaires pour
assurer la réalisation des 1700 unités retenues lors de la première
programmation du PHAQ, annoncé en juin 2022, en grande majorité des
logements sociaux et communautaires, et dont aucune n'a été mise en
chantier. « Si le financement suffisant n'est pas au
rendez-vous et que les programmes ne sont pas convenablement
adaptés aux réalités du marché, aux besoins des ménages mal-logés
et des groupes porteurs de projets de logements sociaux, il n'y
aura pas de miracle », indique la porte-parole, qui croit que
Québec devra absolument revoir ses positions et relancer le
programme AccèsLogis, alors que le 1er juillet s'annonce
encore une fois très difficile.
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1 La CAQ a
promis 11 700 logements sociaux et abordables en 4 ans.
De ce nombre, seulement 7000 sont de nouvelles unités puisque les
4700 autres unités ont déjà fait l'objet d'annonces
gouvernementales.
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« Arrangez-vous », dit
Québec aux personnes mal-logées
Le budget prévoit une bonification de la composante logement du
crédit d'impôt remboursable pour la solidarité, qui pourra
atteindre 78 $ par mois pour les personnes seules et
126 $ pour une famille avec enfants. Selon le FRAPRU, une
telle mesure ne fera pas une grande différence pour les ménages
dont les loyers explosent, à cause de la pénurie de logements
locatifs et qui subissent de plein fouet l'augmentation tout aussi
rapide des denrées. « En d'autres termes, le message qui est
lancé aux ménages locataires, c'est :
arrangez-vous ! », s'insurge Véronique
Laflamme.
La rénovation des HLM n'est pas
encore réglée
En ce qui concerne la rénovation pressante du parc existant
d'habitations à loyer modique (HLM), le budget ne prévoit toujours
pas de verser l'entièreté des sommes qui ont été obtenues à cette
fin, dans l'Entente Canada-Québec sur le logement, de l'automne
2020. La Fédération des locataires de HLM du Québec demandait un
minimum de 400 M $ par année, pour les 5 prochaines
années, afin de rattraper le retard cumulé d'entretien. Or, le
budget ne prévoit que la moitié de cette somme et cela, pour une
seule année.
Les baisses d'impôts auraient pu
financer 10 000 logements sociaux
Le FRAPRU, comme de nombreuses autres organisations sociales,
dénonce le choix qui est fait de baisser les impôts, alors que le
Québec ne finance pas adéquatement son filet social. « À lui
seul, le 1,7 milliard $ dont on se prive avec les baisses
d'impôts, aurait pu financer 10 000 logements sociaux par
année », fait remarquer Véronique Laflamme. Selon elle,
« Québec contrevient ainsi à ses obligations internationales
de mettre en œuvre le droit au logement, de manière progressive et
au maximum des ressources disponibles. Les baisses d'impôts vont
bénéficier principalement aux plus riches et n'ont pas d'effet
structurant pour les 175 000 ménages locataires au Québec qui
ont des actuellement besoins impérieux de logement, parce qu'ils
vivent dans un logement trop cher, trop petit et-ou en mauvais
état ».
Alors que le regroupement et ses comités logement membres sont
quotidiennement témoins des conséquences dramatiques du manque de
logements locatifs et encore plus, de logements sociaux, ils ne
comptent pas baisser les bras. « Cette approche de la CAQ ne
peut qu'aggraver la situation des locataires. C'est pourquoi
nous promettons de poursuivre la mobilisation pour la
reconnaissance effective du droit à un logement décent, quel que
soit son revenu, pour le financement d'un grand chantier d'au moins
50 000 logements sociaux en 5 ans et pour la relance du
programme AccèsLogis », conclut Véronique Laflamme. Le
FRAPRU se fera entendre dès ce vendredi, en tenant un
rassemblement devant le Centre Sheraton de Montréal, alors que le
ministre des Finances présentera son budget à la Chambre de commerce du Grand Montréal.
SOURCE Front d'action populaire en réaménagement urbain
(FRAPRU)