Rochelle Toplensky,



The Wall Street Journal



LONDRES (Agefi-Dow Jones)--L'engouement de Wall Street pour tous les aspects de la finance verte a remis les scissions au goût du jour chez les producteurs d'énergie. Et cette fois, il est probable que les entreprises européennes de services collectifs choisissent de se défaire de leurs actifs polluants plutôt que de leurs actifs propres.



Les valorisations sur le segment des énergies renouvelables ont fortement augmenté au cours de l'année passée, stimulées par l'engagement des entreprises à réduire leurs émissions carbone et par les plans de transition énergétique adoptés par les différents gouvernements. L'investissement durable, piloté en fonction de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), attire un afflux massif de capitaux, ce qui génère une sorte de "greenium" soit une "prime verte" pour les titres proposant un biais environnemental.



Alors que des groupes visionnaires comme NextEra Energy, Iberdrola et Enel se sont imposés comme des poids lourds de l'énergie verte, certains concurrents européens de taille moyenne comptent eux aussi se parer de cette "prime verte". L'une des façons d'y parvenir consiste à donner une identité boursière distincte à leurs différents pôles d'activité.



Cette stratégie n'est pas nouvelle. A la fin des années 2000, bon nombre de producteurs européens d'électricité ont introduit en Bourse leurs actifs d'énergie renouvelable, cédant des participations minoritaires pour tirer parti de la vague d'enthousiasme suscitée par les énergies solaire et éolienne. Le marché s'étant développé tant bien que mal, la plupart de ces segments ont finalement été réintégrés à leurs maisons-mères.



Recentrage stratégique vers les énergies renouvelables



La situation actuelle est un peu différente dans le sens où la plupart des groupes du secteur recentrent maintenant leurs activités stratégiques sur les énergies renouvelables et songent plutôt à se défaire de leurs actifs traditionnels d'énergie fossile. Le solaire et l'éolien devraient connaître un fort développement alors que les centrales thermiques, nucléaires et parfois au gaz seront progressivement mises à l'arrêt. De fait, même un faible pourcentage de production carbonée suffit à dissuader les investisseurs ESG.



L'allemand RWE déploie notamment d'importantes activités d'énergie éolienne et solaire et conçoit d'ambitieux projets pour les développer dans l'optique de réduire à néant ses émissions de dioxyde de carbone d'ici à 2040. Or il a aussi tiré en 2020 près d'un quart de son chiffre d'affaires du charbon. Le groupe envisage donc de scinder ses actifs traditionnels, ce qui lui permettrait d'attirer les investisseurs ESG.



Deux géants français cherchent eux aussi à affiner leur argumentaire d'énergie propre. EDF a engagé un projet de refonte visant à réorganiser le groupe en trois entités, avec un "EDF bleu" dédié au nucléaire, un "EDF vert" consacré entre autres aux énergies renouvelables, et un "EDF azur" pour les concessions hydrauliques. Engie a lui aussi entrepris une restructuration pour se concentrer sur les énergies propres, probablement par le biais de cessions plutôt que par des introductions en Bourse séparées.



Prime aux investisseurs de la première heure



Les scissions sont généralement favorables aux investisseurs de la première heure. Depuis 2000, les entreprises européennes qui ont créé des filiales cotées ont fait mieux que le marché l'année précédant l'annonce et jusqu'à la finalisation, après quoi leur performance a été inférieure à celle du marché, selon une analyse de Morgan Stanley. Près des deux-tiers des entités scindées ont aussi fait mieux que le marché lors de leur première année.



La confirmation de ce schéma dépendra en partie du traitement que réserveront les entreprises de services collectifs à leurs activités traditionnelles. Les actifs voués à un lent déclin, notamment ceux affligés d'un stigmate environnemental, devront certainement faire l'objet d'un argumentaire bien rodé et de faibles valorisations pour espérer attirer l'intérêt des investisseurs. Ces derniers auront sans doute plus de chance de bénéficier de cette nouvelle vague de scissions s'ils s'en tiennent au vieil adage du marché : acheter la rumeur et vendre la nouvelle.



-Rochelle Toplensky, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH



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March 29, 2021 04:32 ET (08:32 GMT)




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